Date de Sortie: 21 Juin 2010
Label: Aftermath, Interscope, Shady
1. Cold Wind Blows
2. Talkin’ 2 Myself (ft. Kobe)
3. On Fire
4. Won’t Back Down (ft. Pink)
5. W.T.P.
6. Going Through Changes
7. Not Afraid
8. Seduction
9. No Love (ft. Lil Wayne)
10. Space Bound
11. Cinderella Man
12. 25 to Life
13. So Bad
14. Almost Famous
15. Love the Way You Lie (ft. Rihanna)
16. You’re Never Over
Après « Relapse », Eminem nous avait promis une seconde rechute fin d'année 2009, mais force c'est de constater que sa première rechute n'était pas du goût de tout le monde (C'était quoi cette accent ?!), c'est finalement un autre projet qui voit le jour en 2010, « Recovery ». Le titre est très évocateur du concept : plus de délire slim shadyque et un effort plus sincère. Symbole du changement en cours, « Recovery » ne contient aucun skit. Finies les interventions de Paul, Steve Berman ou évidemment Slim Shady, place à la musique seule. Se reconstruire après l’addiction, récupérer les miettes de son cerveau que la dépendance aux somnifères avait répandu, tel était l’enjeu de « Relapse ». Logiquement, « Recovery » est l’étape de la voie de la guérison, le moment où, sortit de l’hôpital, un peu réparé mais toujours brinqueballant, il faut réapprendre à vivre. L’an dernier, le rappeur mettait donc en scène sa désintoxication. Cette année, il passe à la convalescence et au retour à la normalité. La même normalité qui mènent les autres rappeurs à la banalité ?
Abordons d'abord l'album avec les trois singles. Le 1er single, "Not Afraid", est loin des 1er single comique qu'Eminem avait l'habitude de nous lâcher; au contraire il s'auto-critique (« Relapse était faiblard ») et confirme sa nouvelle sobriété (« C’était mon choix d’arrêter de me doper ») tout sa sur un beat faiblard des plus banales de Boi-1Da. Le single (Love The Way You Lie) suivant est surement la pire chanson d'Eminem. Sur une instru pop il rappe une histoire d'amour qui fera plaisir aux jeunes adolescentes en manque d'amour, mais le pire est bien sûr le refrain de Rihanna. Heureusement que le 3ème single (No Love), où Marshall et D'Wayne semble être au meilleur de leur forme, remonte le niveau malgré une contre-performance de Just Blaze qui sample un tube disco.
Le reste que l'album oscille dans la direction des singles entre des titres pop où Eminem nous parle d'amour à sa sauce (Space Bound, Seduction), où il fait de l'introspection sur sa propre transformation intérieure (Going Through Changes) tout sa en se permettant de se mettre à chanter. (Ce qui gâche l'ambiance). Sinon comme souvent il aime prendre une direction un peu rocky, comme en témoigne les riffs de guitare sur l'égo-trip dispensable "Cinderella Man", "Talking 2 Myself" où sa solitude d’ancien drogué lui joue des tours, et les très énervés "Almost Famous" et "Won't Back Down" qui invite P!nk dans le rôle d'infirmière. (Les 3 dernières chansons étant produit par DJ Khalil).
Le reste de l'album est un rap basique, simple mais efficace comme un peu le titre "So Bad" (la seul production de Dr. Dre) qui aurait pu se retrouver dans "Relapse" où l'énorme introduction (Cold Wind Blows) où Eminem tente de tuer ce qui reste de son double tout sa sur une instru très 'Dr. Dretesque'. "On Fire" (avec encore un plagiat d'un beat de Dre) et "You're Never Over" sont sympathique mais rien de très marquant par contre on zappera l'horrible "WTP". Il ne reste plus "25 To Life" (produit par le magicien DJ Khalil) qui est le meilleur titre de l'album, où l'ancien blondinnet s'adresse au Hip-Hop, s'attaque à son ex-femme et la condamne de tous les maux tout en se présentant comme une victime de sa tyrannie.
On est bien loin de l'album grandiose qu'annonçait l'entourage de l'ancien blondinnet, ou même de l'album rap de l'année. « Recovery » est l'album du changement, des regrets et de la réconciliation mais aussi de beaucoup de frustrations, et de la déception par ses choix artistiques douteux orientés pop et son côté trop sérieux. Il semble qu’Eminem ait besoin d’être mal dans sa vie pour être artistiquement au mieux. Le plus impressionnant reste le flow rageur d’Eminem intact et toujours présent. Trop présent, il ne varie pas son flow toute au long de l'album, ce qui devient vite lassant. L’urgence des débuts n’est plus et les insultes ou mots grossiers qui ponctuent encore ses textes ont perdu de leur vigueur. Mais surtout, il manque l’humour, le second degré qui faisait la force des textes d’Eminem. On a le sentiment qu’il ne veut plus rire et qu’il ne reste plus que la violence froide et l’opposition brutale à la société. Un album où Eminem tente de se mettre au goût du jour en s'engouffrent dans une banalité, et qui ne fera pas renaître l'étincelle dans les yeux d'Eminem qui faisait tant envier les concurrents à l'époque de « The Eminem Show ». Il faut dire que c'était il y a 8 ans, c'est loin, très loin...
Production: 13/20
Lyrics: 19/20
Originalité/Homogénéité: 13/20
Global: 13 / 20
Meilleurs Chansons: Cold Wind Blows, No Love, 25 to Life